Vu c'est le statut du message lu auquel on ne daigne pas répondre sur Instagra, WhatsApp, Tinder. Remis sur Snapchat, c'est encore pire parce qu'on n'a pas daigné cliquer pour lire le message. C'est le degré ultime de l'humiliation. C'est la porte qu'on vous claque au nez. Et donc, il y a des degrés divers dans le râteau digital, degré qui se mesure aussi au temps pénible qui s'écoule, pendant lequel l'autre ne vous répond pas. On dit 'j'y crois pas le même bien remis de 8 h ou de deux jours ou d'une semaine'. Et là, souvent, on laisse tomber l'histoire d'amour ou l'histoire d'amitié n'aura pas, n'aura plus lieu.
Laisser ou lâcher un vu ? C'est une différence d'expressivité. Lâcher transmet mieux les émotions négatives. Déception, colère, stupéfaction de la victime du vu. Souvent, il y a un adjectif. Il m'a lâché un gros, un énorme vu. On peut ajouter dans la face. Ça fait mal, ça fait très mal. Et d'ailleurs, lâcher connote en français une forme de brutalité. On lâche quelque chose qui choque, d'incongru, inconvenant comme un pet, bien sûr, mais aussi comme un rire ou comme des gaillardises dans Un cœur simple de Flaubert.
Et en face, du point de vue de l'humilié, on a les verbes prendre, manger. Les verbes distribuent ce qu'on appelle des rôles sémantiques. Ils projettent des scénarios différents sur les réalités.
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